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29 novembre 2025

Aulas veut supprimer l'encadrement des loyers à Lyon : que se passe-t-il vraiment ?

Jean-Michel Aulas a déclaré vouloir supprimer l'encadrement des loyers à Lyon. Analyse d'une prise de position qui secoue le débat politique.

Depuis quelques semaines, une petite bombe secoue le débat politique lyonnais : Jean-Michel Aulas, ancien président mythique de l’Olympique Lyonnais et désormais engagé dans la vie publique, a déclaré vouloir supprimer l’encadrement des loyers à Lyon et Villeurbanne s’il accède aux responsabilités municipales.

Une prise de position forte, qui relance un sujet déjà brûlant pour les propriétaires comme pour les locataires.

Dans cet article, on revient sur ce qu’Aulas a exactement dit, le fonctionnement de ce dispositif parfois mal compris, et surtout ce que cela pourrait changer pour le marché immobilier lyonnais.

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Un rappel rapide : comment fonctionne l’encadrement des loyers à Lyon ?

Lyon et Villeurbanne font partie des rares villes françaises où l’encadrement des loyers est actif. Mis en place en novembre 2021, il vise à éviter les dérives dans les secteurs les plus demandés.

Concrètement :

  • Un loyer de référence est fixé par m² selon le quartier, la taille du logement et son année de construction.
  • Le propriétaire ne peut pas dépasser 20 % au-dessus de ce montant.
  • Si le loyer excède ce plafond, le locataire peut contester et obtenir une révision, voire un remboursement.

Sur le papier, le dispositif est protecteur. Dans la réalité, il souffre de deux limites :

  1. Une cartographie des zones parfois floue, qui fait déjà l’objet d’un recours juridique.
  2. Une application inégale, certains dépassements passant entre les mailles du filet.

Cela reste néanmoins un garde-fou important dans une métropole où la tension immobilière est extrême.

Ce qu’a déclaré Aulas, et pourquoi cela fait réagir

Lors d’un événement organisé par l’UNPI (Union nationale des propriétaires immobiliers), Aulas a surpris son monde en annonçant vouloir “mettre fin à l’encadrement des loyers”.

Il a expliqué parler en tant que propriétaire, mais aussi en tant que futur acteur politique lyonnais, estimant que le dispositif :

  • pénalise l’investissement privé,
  • freine l’offre locative,
  • et décourage selon lui certains propriétaires de mettre un logement sur le marché.

Cette prise de position s’inscrit clairement dans la perspective des municipales lyonnaises, où Aulas apparaît comme un candidat sérieux. En ciblant ce sujet, il se place du côté des propriétaires, qui représentent un électorat conséquent à Lyon.

Pourquoi cette annonce divise autant ?

Côté locataires : la crainte d’une flambée des loyers

Lyon connaît déjà certains des loyers les plus élevés de France. Pour de nombreux locataires, la suppression de ce mécanisme reviendrait à relancer la spirale haussière, surtout dans les quartiers très demandés : Presqu’île, Croix-Rousse, 3e, 6e…

Le risque perçu est simple : moins de règles = plus de liberté pour augmenter les loyers = un accès au logement encore plus difficile.

Côté propriétaires : un dispositif jugé trop rigide

À l’inverse, une partie des bailleurs considère que l’encadrement :

  • ne prend pas en compte la rénovation d’un bien,
  • limite la rentabilité malgré l’inflation,
  • et complexifie la mise en location.

Dans un contexte où la fiscalité, les normes de rénovation énergétique et la vacance administrative se multiplient, certains voient dans la position d’Aulas un signal de soutien.

Côté urbanistes et experts : un débat plus nuancé

Beaucoup d’experts rappellent qu’un encadrement n’a de sens que s’il est :

  • mieux appliqué,
  • mieux contrôlé,
  • et intégré dans une stratégie globale : construction, rénovation, logements étudiants, lutte contre la vacance…

Sans cela, le dispositif reste partiel, mais utile pour contenir les excès.

Que se passerait-il si l’encadrement disparaissait ?

Impossible d’être catégorique, mais plusieurs scénarios sont probables :

1. Une hausse rapide sur les logements les mieux placés Les petites surfaces en centre-ville pourraient repartir à la hausse presque immédiatement. C’est le segment le plus tendu du marché.

2. Une attractivité renforcée pour certains investisseurs Des bailleurs qui avaient laissé leurs biens vacants ou en location courte durée pourraient revenir vers la location classique.

3. Une polarisation accrue entre quartiers “cherchés” et “délaissés” L’écart de prix entre le 6e et le 8e pourrait s’accentuer encore.

4. Un impact incertain sur la qualité du parc Sans limitation, certains propriétaires pourraient augmenter les loyers sans forcément rénover davantage. D’autres, au contraire, pourraient se sentir encouragés à investir.

Pourquoi ce débat arrive maintenant ?

Trois raisons principales :

  1. 2026 approche, et Lyon entre doucement en campagne électorale.
  2. Le recours administratif contre l’arrêté préfectoral fragilise déjà le dispositif.
  3. Le marché immobilier lyonnais traverse une période compliquée : baisse des transactions, hausse du coût de crédit, offre locative restreinte.

Dans ce contexte, toucher à l’encadrement des loyers devient un marqueur politique puissant.

Alors… faut-il vraiment supprimer l’encadrement ?

On peut résumer le débat en une phrase : L’encadrement n’est pas parfait, mais son absence risque de coûter plus cher que sa présence.

Le dispositif gagnerait clairement à être amélioré :

  • une cartographie plus lisible,
  • des contrôles renforcés,
  • une plateforme plus simple pour vérifier la conformité des loyers,
  • un accompagnement des propriétaires sur la rénovation.

Mais l’idée d’un abandon total pose question dans une ville déjà sous tension. Aulas, en avançant cette idée, met volontairement ce sujet sur la table. Reste à voir si les Lyonnais souhaitent un marché plus libre… ou une protection maintenue.

Conclusion : un débat qui ne fait que commencer

En prenant position contre l’encadrement des loyers, Aulas a ouvert l’un des dossiers les plus sensibles du moment.

Son discours parle aux propriétaires, inquiète les locataires, et oblige tous les candidats à clarifier leur vision du logement à Lyon.

Qu’on soit pour ou contre, une chose est sûre : le sujet des loyers sera au cœur des municipales lyonnaises. Et la décision qui sera prise — maintien, réforme ou suppression — aura un impact direct sur la vie de centaines de milliers d’habitants.