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Juridique
28 novembre 2025

Encadrement des loyers à Lyon : Annulation, Appel... Quelles règles en 2025 ?

Le tribunal a annulé le dispositif mais l'État a fait appel. En 2025, devez-vous respecter les plafonds ? Quels sont les risques ? Enquête complète sur le flou juridique lyonnais.

L'essentiel en 30 secondes

Si vous n'avez pas le temps de tout lire, voici ce que vous devez absolument savoir aujourd'hui :

  1. L'encadrement est TOUJOURS ACTIF. Malgré l'annulation prononcée par le tribunal en octobre 2023, l'appel déposé par l'État a suspendu cette décision.
  2. Les plafonds s'appliquent. Pour tout bail signé en 2024 et 2025, vous devez respecter les loyers de référence fixés par le Préfet.
  3. Les contrôles continuent. La Métropole de Lyon ne relâche pas la pression et continue de sanctionner les propriétaires hors-la-loi.

C'est un feuilleton juridique qui dure depuis deux ans et qui sème la confusion dans l'esprit des bailleurs et des locataires lyonnais. Entre annonces fracassantes d'annulation et réalité du terrain, faisons toute la lumière sur la situation juridique exacte de l'encadrement des loyers à Lyon et Villeurbanne.

Acte 1 : Pourquoi le Tribunal a-t-il annulé l'encadrement ?

Le 17 octobre 2023, le Tribunal Administratif de Lyon a lâché une bombe. Saisi par l'UNPI (Union Nationale des Propriétaires Immobiliers), le juge a décidé d'annuler les arrêtés préfectoraux qui fixaient les loyers plafonds.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le juge n'a pas estimé que l'encadrement était "injuste" ou "économiquement mauvais". Il a sanctionné un vice de forme géographique.

L'argument du Juge : La Métropole de Lyon a mis en place l'encadrement uniquement sur Lyon et Villeurbanne. Or, le tribunal a estimé que pour être cohérent avec la réalité du marché locatif, le dispositif aurait dû s'appliquer aux 59 communes de l'agglomération lyonnaise (la zone d'urbanisation continue). En se limitant à deux villes, le dispositif crée une rupture d'égalité injustifiée avec les communes voisines comme Bron, Vénissieux ou Caluire.

Acte 2 : L'Appel qui change tout

Face à cette décision qui menaçait de créer un vide juridique total (et potentiellement d'obliger l'État à rembourser des amendes), le Ministère de la Transition Écologique et la Métropole de Lyon ont immédiatement réagi.

Ils ont déposé un recours devant la Cour Administrative d'Appel.

Le concept clé : "L'effet suspensif"

C'est le point juridique le plus important de cet article. En droit administratif, cet appel a un effet suspensif. Concrètement : L'annulation décidée par le premier juge est "mise en pause". Elle ne s'applique pas tant que la Cour d'Appel n'a pas rendu son verdict final (ce qui peut prendre encore plusieurs mois, voire années).

Conséquence immédiate : Les arrêtés préfectoraux retrouvent leur pleine vigueur juridique. C'est comme si l'annulation n'avait (provisoirement) jamais existé.

Acte 3 : Un nouvel arrêté pour 2024-2025

Loin de se laisser abattre, la Préfecture a publié en octobre 2024 un nouvel arrêté fixant les loyers de référence pour la période 2024-2025.

Ce geste est un signal politique fort : l'État ne recule pas. Ce nouvel arrêté prend en compte l'inflation et revalorise légèrement les plafonds, mais le mécanisme reste identique.

Note pour les investisseurs : L'UNPI a d'ores et déjà annoncé qu'elle attaquerait ce nouvel arrêté avec les mêmes arguments. Nous sommes donc partis pour un cycle juridique long. Mais en attendant, la loi est la loi.

Quels sont les risques réels ?

Pour les Propriétaires

Parier sur une annulation définitive est une stratégie très risquée.

  • Si la Cour d'Appel donne raison à l'État (ce qui est possible, le périmètre expérimental étant prévu par la loi ELAN), vous devrez rembourser rétroactivement tous les trop-perçus.
  • En attendant, vous risquez une amende administrative immédiate de 5 000 € (personne physique) à 15 000 € (SCI) si vous ne respectez pas les plafonds actuels.

Pour les Locataires

Vous êtes protégés. Vous pouvez :

  1. Vérifier votre loyer sur notre simulateur.
  2. Signaler un dépassement à la Métropole.
  3. Saisir la Commission Départementale de Conciliation.

Si jamais l'encadrement venait à être définitivement annulé dans 2 ans, il est peu probable que les propriétaires puissent réclamer des "arriérés" de loyer aux locataires, car le bail signé fait foi.

Conclusion : Naviguer dans l'incertitude

La situation lyonnaise est paradoxale : juridiquement fragile sur le fond (le périmètre géographique), mais administrativement solide sur la forme (l'appel suspensif).

Notre conseil d'expert : Appliquez strictement l'encadrement des loyers. La Métropole de Lyon a fait de ce sujet un cheval de bataille politique et a renforcé ses équipes de contrôle en 2024. L'insécurité juridique ne doit pas être une excuse pour l'illégalité.